Bannière « Notre Dame (femmes) »
Une bannière dédiée à N-D de Quilinen dite « Bannière de Mission de 1924 » est rattachée à la chapelle. Cette bannière est traditionnellement portée par les femmes lors des cérémonies religieuses.
Les outrages du temps qui passe ont fait que cette bannière était en mauvais état. Après les récents travaux de restauration de la chapelle (2013-2017), des adhérents(tes) de l’association, motivé(e)s par le renouveau de l’édifice, se sont attelé(e)s à réparer et à rafraichir les supports en étoffe, les broderies, les parties peintes. C’est ainsi que la bannière est à nouveau pimpante. Elle témoigne des talents de personnes bénévoles et sa transmission aux générations futures est confortée.
100 ans !!!
▲ ▲ ▲
Le revers de la bannière est en l’honneur de Sainte Anne, patronne des Bretons.
Bannière « Notre Dame (hommes) »
Cette bannière est traditionnellement portée par les hommes lors des cérémonies religieuses. A la vue de son état actuel de conservation, il faudrait envisager une restauration.
En 2013, l’abbé Yves-Pascal Castel et Joël Lubin ont réalisé une description détaillée de la chapelle de Notre-Dame de Quilinen et des objets s’y rattachant.
La partie de ce document consacré à la bannière, en page 14, est reproduite ci-dessous : (avec l’aimable autorisation des auteurs).
« La bannière dédiée à Notre-Dame de Quilinen, conservée dans l’église paroissiale. est intéressante en ce sens que face et revers, totalement différents de conception, elle se classe dans le chapitre des « curiosités ».
La face richement brodée porte l’image d’une Vierge à l’Enfant, mais son profil n’a rien à voir avec la statue de la chapelle de Quilinen , il y a simplement sous la niche ornée de colonnettes baroques et couronnée d’un écu aux hermines, inscrite en lettres d’or une invocation qui la rappelle : NOTRE DAME DE QUILINEN / PRIEZ POUR NOUS. De chaque côté de la niche s’élèvent des motifs végétaux où des feuillages dessinent subtilement la lettre M, l’initiale de Marie.
Le revers de la bannière n’a, assez curieusement, ni ornement ni représentation mais une inscription longue de six lignes, les unes droites, les autres courbes : RECONNAISSANCE / A NOTRE DAME DE QUILINEN / 25 NOVEMBRE 1911 / REMERCIEMENTS GUERRE 1914-15 – 16 – 17 – 18 / PAR Y. C. L’association de la date du 25 novembre 1911, trois ans avant la déclaration de la Première Guerre Mondiale, avec les cinq autres qui évoquent le conflit reste mystérieuse. On ne connaît pas non plus qui se cache sous les initiales Y. et C. La date du 25 novembre 1911 serait-elle en relation avec la présence du mystérieux Y. C. militaire français au Maroc, dans les jours qui suivirent l’incident franco-allemand d’Agadir terminé par la convention du 4 novembre précédent.
Les fanons qui pendent au bas de la face de la bannière portent des armoiries. A gauche celles de Mgr Adolphe Duparc, évêque de Quimper (1908-1946) : « mi-parti d’azur au mouton d’or et au lion de sable lampassé de gueules, à la crosse d’argent sur champ d’or, au chef d’hermines ». ( Lampassé se dit d’un quadrupède à la langue pendante) La devise de l’évêque est en breton : MEULET RA / VEZO / JEZUZ KRIST. (Loué soit Jésus-Christ !).
Le fanon de droite présente les armoiries du pape Pie XI (1922-1939) : « Coupé, en 1 d’or à l’aigle de sable et en 2 d’argent à trois tourteaux de gueules ». La devise : RAPTIM TRANSIT mérite un commentaire : Raptim semble faire allusion au nom de famille Ratti l’antique famille italienne dont descendait Achille Ratti le futur Pie XI. Mais alors que la devise des Ratti : « Omnia cum tempore » (chaque chose en son temps), invite à la lenteur dans la prise de décision, le « Raptim transit » adopté par Pie XI vibre d’impatience. Cet étrange « raptim transit » trouve son origine dans l’Ancien Testament. au livre de Job. Accablé de malheurs le pauvre homme Job se plaint de ses « frères qui ont été perfides comme le torrent, comme l’eau des torrents qui s’écoulent ». « Fratres mei praeterierunt me sicut torrens qui raptim transit in convallibus ». (Job, 6,15). En marge du contexte biblique on pourrait mettre en correspondance ce rapide écoulement des eaux du torrent avec le rapide écoulement du temps. « Raptim transit » : qui « passe rapidement » pris pour devise est loin d’être innocent dans sa brièveté. L’historien le constate. L’action de Pie XI, va à l’encontre de la prudence exprimée par la devise familiale : « chaque chose en son temps ». On est en face d’un pape pressé d’agir. Les faits le prouvent. Politiquement, c’est la ratification des accords du Latran qui font, en 1929, du Vatican un Etat à part entière. Du point de vue architectural, ce sont les rénovations conduites dans l’enceinte du palais du Vatican, qui entraînent la destruction d’un certain nombre de vieux édifices, le palais de l’archiprêtre de la Basilique, l’église de Sainte Marthe, le monastère de Saint-Etienne des Abyssins. Exemples qui montrent, entre autres que Pie XI a bien honoré la devise qu’il a choisie : « Raptim transit », « Il passe sans traîner »[1]. »
[1] Jacques Martin, « Heraldry in the Vatican », 1987.
Orfèvrerie
Introduction
Le 16 juin 1844 le recteur [de la paroisse de Landrévarzec], Mr le Gac, envoie une note à l’évêque lui listant l’ensemble des objets appartenant à Kilinenn :
1- Une grande croix de procession en argent
2- deux autres croix en cuivre (l’une argentée)
3- deux calices en argent qui paraissent avoir été en vermeils
4- un bassin de plomb pour les fonts baptismaux
5- un ciboire
6- un petit ostensoir se montant sur le pied du ciboire
7- un petit bénitier en cuivre
8- un ornement blanc ayant besoin de réparations
9- un ornement rouge réparé au frais de la fabrique
10- un encensoir en cuivre
11- une bannière ayant besoin de réparations
12- huit chandeliers en cuivre pour l’autel
13- une petite cloche qui est pour les enterrements
14- la boite des saintes huiles
15- trois nappes d’autels
16- Glouques (?) ou poêle à faire du pain à chant (?)
Ci-après, seule la description de la « grande croix de procession » est détaillée.
(Source : Orfèvres de Basse Bretagne, inventaire général, Yves-Pascal Castel)
« Les XVe et XVIe siècles furent, pour l’ensemble du diocèse, des périodes de très grande prospérité et par conséquent de grande production artistique. Des ateliers d’orfèvrerie très réputés se développèrent à Quimper et à Morlaix. Guillaume Baston est l’un de ces orfèvres à qui l’on passe commande de cette croix de Kilinenn en 1655.
Inscription sous la virole de la douille : « LAN 1655 POVR NOSTRE DAME DE QUILINEN »
Cette croix se classe dans la catégorie des croix de type finistérien ; ce sont toutes de magnifiques pièces d’orfèvrerie. Il y a de ces grandes croix processionnelles à Pleyber-Christ, Saint Thégonnec, Guengat, Saint Herbot, Trégunc, Lannédern, Brennilis, Gouesnac’h, etc… et la liste n’est pas exhaustive. Ces croix se ressemblent mais chacune est différente ; elles n’ont pas été fabriquées ni par le même orfèvre, ni à la même date. Les croix de procession finistérienne sont une originalité de la création bas bretonne mais se rattachent aussi à l’art international (croix de Saint Vincent de Laon). Apparues en Finistère dans la deuxième moitié du XVIe siècle, ces croix sont d’un modèle qui restera vivace jusque vers 1650.
La croix de Kilinenn est une croix processionnelle : elle sert à diriger les cortèges religieux, d’où la présence de clochettes qui annoncent la procession. Il s’agit d’une croix en argent repoussé, en partie doré, d’une hauteur de 63 cm, entièrement recouverte, ainsi que ses consoles, d’un décor d’écailles qui s’apparente au décor héraldique appelé « papelonné ». Les pommes, le toit et le culot du nœud sont également ornés, de façon indifférenciée, de têtes d’angelots fondues encadrées de doubles paires d’ailes largement ciselées, reprises des décors des calices contemporains.
La base de la croix, appelée le nœud de la croix, est façonnée en lanterne à double étages de niches, douze niches finement ciselée dans lesquelles sont représentés les apôtres avec leurs attributs respectifs permettant de les reconnaître. Plus haut sur la croix deux contre-courbes partent du nœud et portent les statuettes de la vierge et de Saint-Jean. En façade de la croix, représentation du Christ, bien sûr. Au dessus, un « titulum », une pancarte du chef de condamnation. Au dos de la croix, représentation de Saint-Pierre, premier chef de l’Eglise, sous un dais. Aux extrémités des branches, des boules godronnées, terme d’orfèvrerie désignant des formes en godets. »