DECOUVRIR un PATRIMOINE du XVème SIECLE   à  QUILINEN  en  LANDREVARZEC (29510)

QUILINEN : les siècles nous ont légué un merveilleux héritage !…

Le XXe siècle
An XXvet kantved

Suite à une première enquête sur les chapelles du Finistère qui avait été réalisée en 1869 mais où la paroisse de Landrévarzec n’avait répondu que très, très succinctement en disant que le nom de son unique chapelle était « la chapelle de Kilinen » une nouvelle enquête est lancée en 1903, toujours par l’évêché, sur l’utilisation des chapelles par les paroisses. Nous apprenons, par la réponse faite par le recteur de la paroisse de Landrévarzec de l’époque, qu’une messe y est célébrée tous les troisièmes dimanche du mois et qu’en plus entre 15 et 20 messes y sont célébrées sur semaine tout au long de l’année. Ces messes du troisième dimanche, précise t’il, sont suivies par environ 450 à 500 personnes. Cette tradition de la messe des troisièmes dimanche du mois à Kilinenn s’est d’ailleurs poursuivie jusqu’aux années 1970.

Cette enquête de 1903 précédait de peu la fameuse loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905 qui a fait tant de bruit à l’époque. Un bruit qui a dégénéré en troubles dans bien des endroits lorsqu’il a fallu procéder aux inventaires. Un premier essai d’inventaire a lieu le 8 mars 1906 au bourg de Landrévarzec avec quelques fonctionnaires accompagnés de gendarmes et de l’armée. C’est un échec, ils ne parviennent pas à rentrer dans l’église qui était protégée par nombre de paroissiens. Une deuxième tentative, réussie celle-là, a lieu le 21 novembre 1906. Elle est réalisée grâce à la présence de 14 gendarmes, de 40 chasseurs (militaires) à cheval ainsi que de 4 sapeurs du génie et de 2 ouvriers civils et peut-être également d’une compagnie d’infanterie. Ce n’est évidemment pas quelques hommes et une centaine de femmes qui les empêchent de briser une porte et de rentrer dans l’église. Une fois l’inventaire de l’église de Landrévarzec réalisé cette troupe hétéroclite se dirige vers la chapelle de Kilinenn afin d’y réaliser la même opération. (Un article paru dans le bulletin communal de Landrévarzec n° 23 de janvier 2010 fait l’historique de cet inventaire dans notre commune).

Voici l’extrait du procès-verbal pour la partie concernant la chapelle :
« Inventaire des biens dépendant de la fabrique paroissiale de Landrévarzec dressé en exécution de l’article 3 de la loi du 9/12/1905.
Le 21 novembre 1906 à 10h du matin, en présence de Mr Judic, commissaire de police et de Mr Floc’h Emile instituteur adjoint, témoins requis en l’absence de MM Kerbourc’h Jean, président du Conseil de Fabrique et Goudedranche Jean-Yves, curé (…) nous Cabanis, percepteur des contributions directes à Rosporden, avons procédé à l’inventaire descriptif et estimatif des biens détenus par la fabrique de Landrévarzec.
(…)
N’ayant plus rien à inventorier dans l’église paroissiale nous nous sommes rendus à la chapelle dénommée « La Quillienne » et constituant une annexe de la dite église. Nous y avons trouvé les objets suivants :

– 1 autel en bois sculpté
– 1 statue de la vierge en pierre
– 4 vases avec fleurs artificielles
– 1 statuette noire en pierre représentant un saint
L’objet nous a paru très ancien et avoir de la valeur
– Un groupe sculpté dans la pierre représentant la descente de croix et paraissant avoir une grande valeur en raison du cachet d’antiquité qu’il parait avoir.
– Une statue de St Pierre
– Une statue de St Jacques
– Une statue de St Sébastien, objet très ancien
– Une statue de St Roch
– Une statue de St Cadoch
– Un groupe représentant St Yves et ses compagnons
– Une statue de St Corentin
– Une chaire en bois
– Un crucifix en bois peint placé dans la nef
– Un calvaire de pierre placé à l’extérieur de la chapelle comportant six groupes. Très ancien

(ADF Brest 2 V 45)

Il n’est pas certain que l’équipe constituée pour inventorier et estimer la valeur des biens se trouvant dans la chapelle avait une compétence aiguë dans ce domaine. La valeur des 4 vases avec fleurs artificielles est estimée à une valeur presque équivalente à celle de la statue de Notre Dame de Kilinenn par exemple. On a le droit d’être dubitatif  ! Nous ne comprenons pas à quoi correspond la statuette noire en pierre représentant un saint qui paraît très ancien. A part ce document nous n’avons pas trouvé d’autres références à une statuette noire dans la chapelle.
Nous apprenons quand-même par ce compte-rendu que la chaire à prêcher était toujours en place. Nous l’apercevons sur ce détail de carte postale (vers 1906). Cette chaire à prêcher avait forcément été mise en place suite au démontage du jubé qui avait été installé initialement. Car le jubé, en plus de la poutre de gloire, toujours présente, et de la clôture qui séparait le chœur de la nef, était également composé d’une tribune d’où le prêtre lisait les textes sacrés et faisait son sermon. C’est le concile de Trente (1545-1563) qui en demandant que le chœur soit visible des fidèles le condamne de fait. Mais nous ne savons pas pour cela quand il a été démonté.
Nous apercevons également sur le pilier (voir la photo) ce qui semble être une peinture. Celle-ci à malheureusement disparue !

40 fr
10 fr
8 fr

impossible à évaluer

Impossible à évaluer
15 fr
15 fr
50 fr
15 fr
15 fr
15 fr
15 fr
20 fr
5 fr
Impossible à évaluer

Au fil de l’eau
A-hed an darvoudoù

Classement au Monuments Historiques (MH)
Rummet Savadurioù Istorel

Suite à un certain nombre d’articles parus dans des ouvrages spécialisés (BSAF – Bulletin de la Société Archéologique du Finistère et Bulletin Diocésain d’Histoire et d’Archéologie par exemple) mettant en avant les richesses architecturales et statuaires de la chapelle, les Monuments Historiques proposent au conseil municipal de classer la chapelle ainsi que le calvaire et la fontaine. Celui-ci réuni en session ordinaire le 27 février 1910 émet, à l’unanimité, un avis défavorable à ce classement.
Cet avis n’est pas argumenté mais il est facile d’imaginer les raisons de ce vote. En effet, un classement aux Monuments Historiques implique de suivre certaines procédures et de demander certains avis avant d’effectuer des travaux sur ceux-ci. En contre-partie, les aides accordées pour ces travaux sont très largement supérieures dans le cas d’un classement. Mais pour la mentalité de l’époque : « En cas de classement, on n’est plus maître chez soi ! »
Malgré cet avis défavorable du conseil municipal de 1910 un certain nombre de statues sont inscrites sur la liste des MH par un décret du 04/12/1914 :
– La descente de croix groupe, bois peint, 16e siècle
– St Yves entre le Riche et le Pauvre, bois, 16e siècle
– Vierge Mère, bois, 16e siècle
– Statues et statuettes au pourtour du chœur et au mur latéral droit :
──── St Cadoc 16e siècle
──── St Corentin 16e siècle
──── St Roch 16e siècle
──── St Sébastien 16e siècle
──── Un saint pèlerin 16e siècle (il était en bois et polychrome mais aujourd’hui disparu)

Les lecteurs les plus attentifs auront noté que la description succincte de la Vierge Mère sur le décret de classement spécifie que cette statue est en bois, hors Notre Dame de Kilinenn est une statue en pierre. Nous pouvons penser qu’il y a eu confusion entre Notre Dame de Kilinenn que nous connaissons aujourd’hui et Itron Varia Gilinenn Gozh, dont nous parlerons plus bas.

Dix ans plus tard, le 05/10/1925, c’est le calvaire et la chapelle qui sont, à leur tour, inscrit à l’inventaire supplémentaire des MH.
Et il faudra attendre encore cinq ans, le 11/10/1930, pour que la fontaine à son tour, bénéficie elle aussi de cette inscription à l’inventaire supplémentaire des MH.

En 1958 plusieurs statues en mauvais état font l’objet d’une restauration et à cette occasion quelques nouvelles statues sont classées à leur tour par un décret du 10/11/1958 :
──── Le Christ de l’Ascension 16e siècle
──── La poutre de gloire 16e siècle
──── Le retable 17e siècle

L’inscription à l’inventaire supplémentaire c’est bien mais le classement c’est encore mieux bien sûr. Et c’est ce qui arrive enfin, l’ouragan du 15 octobre 1987 en ayant été le déclencheur, le 09/10/1990 quand, par arrêté, la Chapelle de Quilinen, y compris les peintures murales, le calvaire voisin, le sol de la parcelle où sont situés ces deux édifices, ainsi que la fontaine Notre-Dame de Quilinen (cad. ZK 71; ZI 151) sont définitivement classés.

Cette période a également été mise à profit pour inscrire aux MH les dernières statues qui ne l’étaient pas encore et cette inscription est datée du 07/03/1996 :
──── Sant Gwenole statue en pierre polychrome 16e siècle
──── Ste Anne (Sainte femme pour la DRAC) bois polychrome 17e siècle
──── La table de communion, bois polychrome 18e siècle

Les mystères des statues
Luziadell an delwennoù

Saint Corentin
Sant Kaourintin

Dans le texte ci-contre, tiré du Bulletin Diocésain d’Histoire et d’Archéologie de 1905 p 12, il s’agit d’un article consacré au catalogue descriptif du Musée archéologique de l’évêché, les chanoine Abgrall et Peyron nous décrivent une statue St Corentin se trouvant dans ce musée. Il nous dit également que cette statue provient de Quilinen et y a été déposée par Mr Chalm, entrepreneur.
Une première question nous vient à l’esprit : pourquoi ce Mr Chalm était-il en possession de cette statue ? Lui avait-elle été donnée ? Par qui ? Comment ? L’avait-il « empruntée » ? Pourquoi avait-il le droit si elle provenait de Kilinenn de la mettre en dépôt au musée de l’évêché ?

Dans un long article publié dans le BSAF de 2014 Yves-Pascal Castel nous précise, p 149, que cette statue qui « avait été emportée en 1878, par M. Chalm, entrepreneur chargé de la restauration », « se dresse aujourd’hui en haut d’un tertre dans les jardins de l’évêché ». Il nous dit également, p.136, que le clocher actuel « a été restauré en 1878 par l’entrepreneur Chalm sous la conduite de l’architecte diocésain Joseph Bigot. ».

Une statuette noire en pierre
Un delvennig zu e maen

« Une statuette noire en pierre représentant un saint. L’objet nous a paru très ancien et avoir de la valeur, impossible à évaluer » peut on lire dans l’inventaire de 1906.
Nous n’avons aucune autre connaissance de cette statuette mais, réalisée dans un contexte très spécial et par des personnes sans doute pas très compétentes dans ce domaine, nous devons rester très prudents face à cette liste qui, par exemple, parle d’une mise au tombeau en pierre alors que ce groupe est en bois à Kilinenn. Nous ne pouvons donc pas trop nous fier à cette énumération. Il n’est pas impossible que cette statuette noire en pierre voulait évoquer le saint pèlerin en bois que nous évoquons ci-dessous.

Un saint pèlerin
Ur sant pirc’hirin

Cette statue du 16e siècle était en bois et polychrome. Cette œuvre a disparu de la chapelle. D’après une note prise en 2005 dans les services de l’inventaire à la DRAC à Rennes, elle est notée sur la liste de l’inventaire de 1968 mais n’était plus dans la chapelle en août 1971. Elle a été classée le 04/12/1914 où elle est qualifiée de statuette. Elle n’était donc sans doute pas très grande, il semblerait que pour la DRAC une statuette fait entre 40 et 70 cm de haut au maximum. Malheureusement nous n’avons pas d’autres indications et à notre connaissance il n’existe pas de photo de cet œuvre.

La vieille Notre Dame de Quilinen
Itron Varia Gilinenn Gozh

Germaine Niger (1927-2018) qui était certainement une des personnes référentes de cette chapelle jusqu’à son décès, appelait cette statue « Itron Varia Gilinenn Gozh ».
Cette statue a disparu… on ne sait pas quand. Le constat mériterait sans doute d’être affiné mais il semble que l’on ne l’aperçoit plus sur aucune photo postérieure à 1960. Il s’agissait plutôt d’une statuette d’ailleurs, qui faisait environ 40 cm de haut.

La vie de Quilinen vue de la mairie (archives municipales)
Buhez Kilinenn gwelet eus an ti-kêr (dielloù)

Mur du cimetière
Moger ar vered

Lors de la session du conseil municipal du 6 juin 1912 :
« Le maire fait connaître au Conseil que le mur de clôture du cimetière de la chapelle de Quilinen étant en très mauvais état il y a lieu de le faire réparer au plus tôt. Le Conseil après délibération a nommé deux délégués Mr Rolland et Le Corre à l’effet d’examiner l’urgence des réparations ».
La préfecture informe en retour que ce cimetière est désaffecté et qu’il n’y a donc aucun intérêt du point de vue communal à ce que ce mur soit remis en état et que si cela se faisait ce serait considéré comme un embellissement des abords de la chapelle et donc une subvention indirecte au culte, ce qui est bien sûr formellement prohibé par l’article 2 de la loi du 09/12/1905.
On sent bien dans la réponse préfectorale que les troubles de 1905-1906 sont encore fortement ancrés dans les esprits. Aujourd’hui la commune serait bien sûr autorisée à refaire un mur qui serait en mauvais état et qui lui appartient.
La réponse de la préfecture nous permet quand-même d’apprendre que le cimetière est désaffecté à cette date de 1912.

Les arbres du placitre
Gwez tro-dro ar chapel

Lors de la séance du 22/08/1920 le conseil municipal « émet le vœu que quelques arbres, 6 ou 7, sapins et châtaigniers, se trouvant dans l’enclos du cimetière désaffecté près de la chapelle de Quilinen, et appartenant à la commune, soient vendus et que les produits de la vente soient utilisés en partie à diverses réparations sur la dite chapelle ainsi qu’à replanter le dit enclos et que le restant du produit de la vente soit attribué à la commune. » (archives municipales).
Le 08/11/1920 en réponse à une demande du préfet le maire estime que les 7 arbres (ils peuvent occasionner des dégâts à la toiture de la chapelle) valent 600 F. En fait ils seront vendus, le 09/11/1920 à Mr Péron, avenue de la gare à Kemper au prix de 770 F.

De gros changements
Cheñchamantoù bras

Le goudronnage de la route passant devant la chapelle et menant au bourg (VC 02) a été réalisé en 1948 et l’électricité branchée dans le quartier en 1949. Que de changements en peu de temps !

Relations avec l’architecte départemental
Darempredoù gant tisavour an departament

En octobre 1948 René Legrand, architecte honoraire du département écrit au maire de Landrévarzec : « Les abords de la chapelle sont malpropres et encombrés (fumiers, etc.). Je vous serai obligé de bien vouloir les faire déblayer ».
Il demande également « d’exiger pour toute construction un permis de bâtir. Plusieurs constructions ont déjà été réalisées sans celui-ci… ».

La photo ci-contre, tirée le 28/08/1948, illustre bien le commentaire de l’architecte. Il ne s’agit en aucune manière de juger les gens de l’époque qui avaient des priorités bien différentes de celles d’aujourd’hui.
On aperçoit également sur la photo les fonds baptismaux. On peut penser que ceux-ci avaient été sortis pour réaliser la chape de ciment en 1890 et oubliés ensuite à l’extérieur. Ils sont d’ailleurs restés à cet endroit, en extérieur, jusqu’à la fin des travaux de rénovation en 2016.

Ce même architecte envoie une deuxième missive au maire quelques jours plus tard pour lui signaler qu’il y a un verger clos sur une partie du placitre le long de la route menant au bourg bien que ce terrain soit propriété de la commune et fasse partie du placitre.
Ci-contre, sur cette photo de la fin des années 1940, on aperçoit le verger à proximité du calvaire.

C’est ce même architecte, René Legrand, qui fait une présentation de Kilinenn lors du congrès de la société française d’archéologie en 1957.

Et encore les réparations de la toiture !
Ha labourioù war an doenn c’hoazh !

Les derniers gros travaux sur la toiture remontent, d’après les écrits retrouvés, à 1855. Il n’est donc pas étonnant qu’en 1949 la toiture soit de nouveau en mauvais état. Le 22/05/1949 le conseil municipal vote une somme de 595 000 F pour sa réfection. Le recteur met 345 000 F à disposition également pour ces travaux. Ceux-ci sont réalisés pour ce qui concerne la volige et la charpente par Mr Guillermou pour la somme de 189 993,31 F et pour ce qui concerne les ardoises, solins et noues par Mr Quéré pour la somme de 449 993,12 F. A ce total s’ajoute 51 198,90 F d’honoraires (8 % des travaux) pour René Legrand, l’architecte du département.

Délimitation du placitre
Bonnañ tachenn an iliz

Nous avons vu plus haut que le placitre de la chapelle a plus ou moins été squatté par les riverains au fil des ans. Aussi le conseil municipal décide le 19/03/1950 d’établir un plan et de borner ce placitre. Un an plus tard ce même conseil vote pour que le piquetage du placitre soit réalisé par Mr Auffray de l’Etang, expert.
Le rapport de cet expert, divulgué au conseil le 10/05/1951, dévoile que les riverains empiètent sur le placitre. Enfin le maire informe les conseillers le 19 juin 1952 que les propriétés de Kilinenn ont été délimitées.

Restauration Maimponte
Nevezadenn Maimponte

Une partie des statues en bois classées à l’époque ont subi une restauration en 1959 par les établissements Maimponte. Il s’agit du groupe de St Yves, de la poutre de gloire et bien sûr de la Déploration. C’est d’ailleurs à cette occasion que cette Déploration, pièce de six personnages dans une niche, a quitté la partie gauche de l’autel principal pour être installée entre les deux autels de l’aile nord.

Photo Le Doare de 1950

La croix du calvaire brisée suite à tempête
Kroaz ar c’halvar torret gant ur gorventen

Au mois d’août 1965 Hervé Saliou recons­titue la croix du calvaire qui s’était brisée en tombant lors d’une tempête. Celle-ci avait fortement secouée les branches d’un arbre qui se trouvait bien trop près du calvaire.
Une fois la croix et le Christ reconstitués il a bien fallu monter tout en haut du calvaire, à une hauteur de 8 mètre quand même, afin de la refixer à son emplacement. Mathurin Bouguain est venu à la rescousse pour aider à monter un échafaudage et pouvoir travailler en toute sécurité.

Ces travaux ont été réalisé suite à une lettre de l’architecte des Bâtiments de France et ont coûté 1557,90 F à la commune.
Sur la photo de gauche Hervé Saliou et Mathurin Bouguain en haut de l’échafaudage. Sur celle de droite (une carte postale de Jos le Doaré du début des années 1960) on voit bien l’arbre, et même la branche, responsable de cet accident.

Encore une tempête, encore des travaux sur le toit !
Korventenn c’hoazh ha labourioù war an doenn en-dro !

Le 12 février 1970 une nouvelle tempête s’abat sur Kilinenn et 75m2 du toit sont mis à nu et il y a bien sûr des dégâts sur le reste. La facture s’élève à 10 174 F mais heureusement qu’une subvention de 5 087 F (50 %) du Conseil Général du Finistère permet de limiter la dépense de la commune.

Une chapelle un peu trop ouverte…
Ur chapel digor… betek re

Le conservateur des antiquités et objets d’art du Finistère écrit au maire de Landrévarzec le 20 avril 1972 pour lui indiquer que la chapelle n’est jamais fermée à clé et qu’il y a donc un risque de vol.
Le maire lui répond quinze jours plus tard, le 3 mai pour l’informer que des nouvelles serrures ont été posées et que cet édifice pourra maintenant être fermé à clé.

C’est sans doute à cette période là que la statue appelée « Itron Varia Gilinenn Gozh » (la vieille Notre Dame de Kilinenn) a disparu.

Lors de l’été 1972 Georges Pompidou, alors président de la République, ainsi que sa femme ont été aperçu à Kilinenn. On sait que le couple présidentiel avait ses habitudes d’été à Fouesnant et qu’il était passionné d’art. La visite n’ayant fait l’objet d’aucune préparation, il n’y a aucune photo de cet événement tout à fait imprévu. L’histoire ne dit pas s’il a pu rentrer dans la chapelle dont les portes venaient, depuis deux ans, d’être dotés de serrures neuves.

La vie de Quilinen vue par le clergé (La période de l’abbé Louis Simier)
Buhez Kilinenn gwelet eus tu tud an iliz

Le vitrail de 1951

Louis Simier, recteur de Landrévarzec entre 1950 et 1975, impressionné par la beauté de la chapelle veut la rendre encore plus belle en y installant un nouveau vitrail, à la place du verre blanc, dans la baie principale juste derrière l’autel. A peine a t’il posé ses valises dans son nouveau presbytère, un peu avant l’été 1950, qu’il prend contact avec Yves le Bihan, verrier, qui lui propose une maquette et lui fait un devis de 106 852 F le 11 octobre 1950 pour une baie de 10,71 m2 . Après discussions et quelques modification du projet initial (suppression de 2 anges) l’affaire est conclue le 19 octobre pour un total de 80 000 F. Le verre antique (sept tons différents) a été commandé le 15 janvier 1951 et son installation eut lieu avant le mois d’août de la même année (voir l’article ci-dessous).

Evocation du pardon de Quilinen des 5 et 6 août 1951 par Louis Simier.
Ur sell war pardon Kilinenn 5 ha 6 a viz Eost 1951 gant Louis Simier

« Le pardon de Quilinen a été suivi cette année avec une ferveur toute spéciale.

05 août– La veille du pardon fut marquée par une magnifique procession aux flambeaux. Les nombreux pèlerins qui firent la marche nocturne du bourg à la chapelle, se souviendront longtemps de ce défilé de cierges allumés, progressant au chant de l’Ave Maria de Lourdes. Ils se rappelleront aussi cette scène d’une beauté inoubliable qui se déroula près du calvaire et du clocher de Quilinen illuminés. Alors que de sombres nuages couraient dans un ciel tourmenté et chargé d’orage, voici que s’élève grave et puissant le Credo, le chant de la foi…
La veillée mariale qui eut lieu ensuite, dirigé par M. le Chanoine Coadou, Supérieur du collège de Lesneven, ne fut pas moins émouvante.

06 août– Le pardon fut contrarié par le temps. C’est cependant devant une assistance nombreuse et recueillie que l’abbé Louis Simier, professeur au collège de Lesneven, chanta la grand’messe avec diacre et sous-diacre.(Ce Louis Simier est un neveu de Louis Simier, recteur de la paroisse).
Les vêpres furent présidées par M. le chanoine Poujon, curé-doyen de Briec, qui bénit le beau vitrail en verre antique qui domine désormais le maître-autel de la chapelle.
Nous adressons nos plus vifs remerciements à tous ceux qui contribuèrent au succès de cette belle fête : à M. le chanoine Coadou qui nous parla de St Guénolé et de Notre-Dame avec tant d’érudition et de ferveur ; à M. l’abbé André Rannou qui tenait l’harmonium et à la chorale qui exécuta le chant grégorien et les cantiques avec beaucoup de goût. »

[Texte publié dans « L’espoir de Landrévarzec » de novembre 1951.]

L’article ne mentionne pas la présence de marchands forains sur le placitre mais il ne fait guère de doute qu’ils étaient présents. En effet à cette époque et jusqu’au début des années 1960, il y avait à tous les pardons de Kilinenn quelques boutiques de forains qui venaient vendre des objets religieux (images saintes, chapelets…), des confiseries et quelques jouets pour les enfants (petits moulins à vent, ballons gonflés…). On trouve trace de ces marchands forains à Kilinenn sur des écrits de la fin du XIXe siècle.

Le pardon des malades : un événement exceptionnel à la chapelle le 11 juin 1972.
Pardon an dud klañv : un darvoud dreistordinal er chapel d’an 11 a viz Even 1972

Ce jour-là étaient réunis dans un grand champ un petit peu plus haut que la chapelle 2984 malades (2780 pour « La semaine religieuse », hebdomadaire de l’évêché). En comptant leurs familles, les brancardiers, les paroissiens de Landrévarzec et des environs on peut estimer qu’ils étaient près de 10 000 fidèles présent à la messe. Celle-ci présidée par l’évêque entouré d’une vingtaine de prêtres est célébrée à 10h30. L’après-midi, à 14h30, ce sont les vêpres qui sont célébrées, toujours présidées par l’évêque, entouré par encore plus de prêtres que le matin.
« La veille, le recteur, Louis Simier, avait convoqué ses paroissiens à une messe dans cette chapelle de Quilinen, récemment restaurée par ses soins et l’aide de ses paroissiens. Environ 800 personnes devaient répondre à son appel et assister à la célébration eucharistique qui fut suivie d’une très belle procession aux flambeaux (c’est peut-être cela qui nous a valu le lendemain un temps magnifique en dépit des pronostics météorologiques défavorables, voire pessimistes) ».

[Un Visage de Bretagne, Landrévarzec en Cornouaille 1972 – Bulletin rédigé par Louis Simier]

Le texte ci-dessus parle de restauration de la chapelle. En fait de restauration il s’agissait d’un grand nettoyage et de brossage des murs. Nous avons entendu par des participants à cette « restauration » qu’ils devaient gratter les murs et enlever l’enduit de chaux qui se trouvait sur les murs. Ces bénévoles, ils avaient une quinzaine d’années à l’époque, se rappellent avoir enlevé des traces de peintures et ce sont sans doute des parties de fresques et de peintures du XVIIe qui ont disparu ces jours de grand ménage.

L’ouragan de 1987
Korventenn 1987

La Bretagne est une terre habituée aux tempêtes. Celle du 15 octobre 1987 était particulièrement exceptionnelle avec un vent qui a atteint les 216 km/h à la pointe du Raz. Et le toit de la chapelle a bien sûr de nouveau souffert de ce vent violent. Mais d’un mal débouche souvent un bien et c’est un peu ce qui est arrivé à Kilinenn suite à cet ouragan si dévastateur.
En effet, la chapelle a été classée, nous l’avons vu plus haut, le 9 octobre 1990, et c’est ce qui permet de procéder à une rénovation du bâtiment. Cette rénovation est prise en charge à 80 % par les différentes collectivités et sur les 20 % restant à charge de la commune une partie est remboursée par les assurances couvrant les dégâts de l’ouragan. Les détails de cette rénovation sont détaillés dans la page « Travaux de restaurations en 1990 ».