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L’horloge de Kilinenn (re)vient de loin !
Cette horloge, qui traînait au fond de la chapelle depuis quelques dizaines d’années, a bien failli partir à la ferraille en 2013, au début des travaux de rénovation. Par chance, elle a quand-même été entreposée dans une des caves de la mairie à ce moment-là. En 2018, après la fin des travaux, nous nous sommes tournés vers Robert Guiheux, horloger à Scaer, qui après l’avoir vu en photo, a accepté d’essayer de la restaurer.
C’est à ce moment-là également que nous avons cherché à en savoir un peu plus sur son histoire. Nous étions déjà en possession d’une lettre de 1806 qui l’évoquait et qui laissait penser qu’elle n’était déjà plus toute jeune. Nous avons appris depuis qu’elle bénéficie apparemment d’une amélioration, l’échappement, qui a été inventé en 1715. Sans gros risques nous pouvons donc la dater du milieu du 18e siècle.
Cette horloge d’église ne possédait ni cadran ni aiguille pour donner l’heure. L’heure était donnée par le tintement d’une cloche : un coup pour annoncer 1 heure, deux pour annoncer 2 heures, etc, et 12 coups pour annoncer midi (et minuit). Un autre tintement sur la deuxième cloche annonçait les demi-heures. Le mécanisme fonctionne grâce à des poids en suspension qui entraîne le mécanisme de diverses roues dentées. Pour que le mécanisme fonctionne le plus longtemps possible il faut que les poids aient la plus longue distance possible à parcourir avant d’être arrêtés dans leur course. L’horloge était donc installée à trois mètres de hauteur à peu près pour une autonomie qui était sans doute d’une semaine. Nous n’avons pas retrouvé les poids d’origine et avons donc dû en faire de nouveaux. Ceux-ci, d’un poids de 17 kg chacun sur les conseils de Robert Guiheux, ont été taillés par Solen Moreau.
La lettre de 1806, que nous avons déjà évoquée plus haut, avait été rédigée par le conseil municipal de Briec (Kilinenn faisait partie de Briec depuis toujours et Landrévarzec également depuis la Révolution) et adressée à l’évêque de Quimper. Le conseil réclamait la création d’une nouvelle circonscription à Kilinenn car les distances pour venir à Briec étaient trop importantes (3 myriamètres pour les plus éloignées). Bien sûr, dit le conseil, on pourrait choisir Landrévarzec pour cette nouvelle entité mais Kilinenn est mieux équipé : il y a un presbytère, un jardin, des cloches et surtout une horloge (à Landrévarzec il n’y a plus de cloche et pas d’horloge). On apprend également par cette lettre que l’on « suppose que le jardin du presbytère a été cédé à la personne chargée de « soigner » l’horloge ».
Cette lettre fait également mention de cloches au pluriel. Le clocher de Kilinenn était toujours à ce moment-là au milieu de la chapelle et on voit bien les deux passages de cordes de l’époque dans la voûte du chœur. L’horloge était donc positionnée à ce moment-là sur une sorte de tribune accessible sans doute par l’escalier qui dessert la porte en hauteur que l’on voit dans le chœur et qui desservait également le clocher initial.
En 1868 ce clocher menace ruine. Il est démonté et, sur les plans de l’architecte départemental Joseph Bigot, reconstruit tel que l’on connaît aujourd’hui, sur le pignon ouest. Ce clocher est plus petit, il n’a plus qu’une cloche. Une nouvelle tribune est donc construite au fond de la nef afin de poser l’horloge en hauteur à proximité de la corde.
Petit à petit les montres individuelles sont devenues de plus en plus fréquentes, dans les goussets d’abord, puis sur les poignets, et l’horloge publique n’avait plus son utilité première. Elle s’est donc arrêtée. Nous n’avons aucune date précise mais elle n’a vraisemblablement pas fonctionné après la grande guerre. Elle était, malgré tout, restée en place jusqu’au début des années 1990 où elle a été descendue par les employés municipaux car les poutres la soutenant commençaient à montrer des signes de pourriture et il était donc dangereux de la laisser à cette hauteur.
Quand a commencé la restauration par Robert Guiheux en 2018-2019, nous savions bien qu’elle ne serait pas réinstallée et qu’elle ne sonnerait plus la cloche mais nous voulions la présenter au public, car c’est quand même un élément important de notre patrimoine et de la façon de vivre de nos prédécesseurs Pour la présenter au nombreux public qui vient chaque année visiter notre chapelle il nous fallait la poser sur un support et l’exposer à hauteur de visage. Il nous fallait donc construire ce support. Notre artiste Hervé Saliou, toujours présent dès qu’il y a une nouveauté à la chapelle, a dessiné les plans de ce meuble en prenant en compte de l’ancienneté de l’horloge. C’est Yves Saliou qui l’a réalisé avec du vieux chêne dont le bois a été fourni gracieusement par Jean Guyader et par Jean-Claude le Corre, tous les deux de Briec. Ce meuble a ensuite été cérusé par Hervé Saliou.
La roue à carillons du XXIe siècle
Dans la chapelle deux emplacements témoignent de la présence, à des dates inconnues à ce jour, d’une première puis d’une deuxième roue à carillons. Dans un bulletin de la Société Archéologique du Finistère de 1892, Jean-Marie Abgrall atteste de la présence d’une roue à carillons à Quilinen ; une photo-carte-postale de 1903 (Le Doaré-photo, Châteaulin) nous montre une roue en mauvais état posée au sol.
La dernière restauration de l’édifice a fait germer des énergies et des idées nouvelles parmi des bénévoles, artistes dans le travail du bois. C’est ainsi que l‘Association des Passionnés du Bois du Finistère basée à Landrévarzec (29510) a proposé de fabriquer et d’installer une Roue à Carillons dans la chapelle. Le mois de septembre 2022 a vu l’achèvement du projet.
Les Passionnés du Bois ont démarré leur ouvrage au printemps 2019. Imaginer, dessiner, fabriquer, ajuster, décorer, tels ont été les étapes d’une longue période de travail. Les exigences du confinement liées à la pandémie du Covid19 ont allongé la durée de la réalisation.
Cette œuvre collective a également bénéficié des talents de Hervé Saliou, artiste local bien connu : peinture et dorure. Cette grande roue de 1,62 mètre de diamètre, actionnée depuis le sol, fait tintinnabuler lors de sa rotation les 12 clochettes accrochées à la périphérie. Des représentations de six saints sur six des douze rayons de la roue complètent l’ornementation (Brigitte, Corentin, Fiacre, Enogad, Vougay, Nikodem).
Cette roue, « rodig ar sent » en breton (la petite roue des saints), devient donc la huitième roue à carillons visible actuellement en Bretagne mais il ne fait guère de doutes que beaucoup de celles-ci ont disparues. Hèlène Barazer signale que « des roues à carillons existent en Roussillon, Normandie, Bourgogne et également à l’étranger (Espagne, Italie, Allemagne) » et elle en fait la description : « Instrument de musique à percussion, de type idiophone, généralement constitué d’une douzaine de clochettes produisant autant de notes différentes ……… ‘ La sonorité est plus bruyante qu’harmonieuse ‘ en disait Hervé du Halgouët au début du XXe siècle ».
Source : (Hélène Barazer : Les roues à carillons de Bretagne, 2012, revu en mai 2018).
Ces roues actionnées lors de grandes occasions religieuses ont été également utilisées parfois pour des usages plus profanes : demande de guérison, divination, … ceci explique probablement leur démontage et leur disparition des édifices religieux.
Voir aussi un document produit par J-Y Cordier :
(avec l’aimable autorisation de l’auteur)
https://www.lavieb-aile.com/article-la-roue-a-carillon-de-confort-meilars-124638866.html
Un tableau de L. Vaugarni
Le 7 octobre 2020, M. J-P Champion (Le Faouët, dpt 22) a fait don à la commune de Landrévarzec d’un tableau représentant le calvaire de Quilinen, copie du tableau peint par Yan’Dargent en 1893 (actuellement propriété du Musée des Beaux-Arts de Quimper). Yan’Dargent (1824-1899) fut peintre et illustrateur.
M. Champion ayant récupéré ce tableau signé : «D’après Yan’Dargent _ L.Vaugarni 1895 » par héritage familial, et souhaitant s’en défaire, a recherché le lieu où est posé ce calvaire.
C’est ainsi que s’est enrichi la collection des objets se rattachant au site de Quilinen.
Une côte de baleine !…
Chose étonnante !…
Pas si étonnante que cela …
Un lien avec l’Histoire ?… Oui, assurément.
Dans les familles de rang noble qui ont bâti la chapelle au XVe siècle, il y avait la famille De Kerguellen.
La suite de l’histoire de la côte de baleine se déroule deux siècles plus tard avec un descendant de la lignée De Kerguellen :
« Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec, né le 13 février 1734 au manoir de Trémarec, à Landudal (dans l’actuel Finistère) et mort le 3 mars 1797 à Paris, est un officier de marine et un navigateur français du XVIIIe siècle. Il découvre les îles de la Désolation, auxquelles l’explorateur anglais James Cook donne ensuite le nom d’archipel des Kerguelen. » (Source : Wikipédia).
Il n’y a rien d’extraordinaire à ce que un grand navigateur ramène chez lui un souvenir de ses grands voyages. Souvenir hors du commun, on peut en convenir …