Un PATRIMOINE du XVème SIECLE   à  QUILINEN  en  LANDREVARZEC (29510)

QUILINEN : les siècles nous ont légué un merveilleux héritage !…

Mobilier liturgique

La découverte du mobilier liturgique de la chapelle de Quilinen vous est proposée en suivant la description faite par l’abbé Y-P Castel et Joël Lubin dans un document rédigé en 2013.
Voir : « 2013 07 22 LANDREVARZEC QUILINEN CHAPELLE-Castel_Lubin »
(avec l’aimable autorisation des auteurs)

Dans les textes ci-dessous la mention « Repère N°__ » fait référence au plan affiché ci-contre.

Les paragraphes qui suivent décrivent :
— le maître-autel avec le retable, le coffre, l’ambon, la table de communion [10]
— placard et crédences [9 et 11]
— table de communion et ambon [10]
— les autels latéraux
— les ex-voto [11]
— la cuve de baptistère [19]
— mobilier disparu : chaire à prêcher, statue, jubé

Repère N°9, N° 10, N°11_
« Le maître-autel qui est composé de parties relevant  de deux époques différentes, est un intéressant témoignage de l’évolution des sensibilités et des goûts.
La partie ancienne, qu’on pourrait appeler en terme technique une contre table, est un retable en réduction. Remontant au XVIIe siècle, cette partie se distingue par une   polychromie qui était de règle autrefois. Sous cette patie ancienne,  le coffre de l’autel, postérieur de deux siècles est teinté chêne foncé, dans le goût qui se répand au XIXe siècle. Et pour compléter cette chronologie approximative on évoquera, troisième époque, le XXIe siècle, car il serait injuste d’oublier les huit statuettes dorées, sculptées en 2011 par Hervé Saliou de Kervélégant en Landrévarzec.
»

« Le retable du XVIIe siècle est une petite merveille qui, tout en n’étant pas documentée avec précision, s’apparente aux productions quimpéroises des Le Déan.
Sa hauteur modeste (h. 2,10)  vient de ce qu’on n’a pas voulu masquer la grande fenêtre du chevet évoquée plus haut. Sa composition est d’une élégante légèreté. Les deux premiers niveaux assez étroits sont ornés de chérubins entourés de rinceaux et d’angelots qui encadrent des cartouches couronnés. Ces deux premiers niveaux sont interrompus dans leur centre par un tabernacle carré dont la porte s’orne d’une statuette de saint Pierre.  Dominant ces deux premiers niveaux, le registre principal  est rythmé par dix fines colonnettes. Entre elles se détachent deux grands panneaux octogonaux, où volent des colombes, les ailes étendues. De part et d’autre des grands panneaux on compte sept  niches,  étroites et cintrées abritant autant de statuettes.  Au centre règne  le  Bon Pasteur, ayant saint Jacques à sa gauche et saint André à sa droite.   De part et d’autre s’alignent les quatre évangélistes. A  gauche saint Mathieu et son ange,  saint Marc et son lion. A droite saint Jean portant son calice, et saint Luc le bœuf à ses pieds   On l’a dit, ces statuettes en bois doré,  qui mesurent  0,18 m de hauteur, sont l’œuvre d’Hervé Saliou. Dans un esprit  accordé à l’ensemble du retable, elles remplacent les statuettes d’origine  qui ont  naguère été volées.
Le registre principal du maître-autel est couronné par une ligne de quarante-huit petits balustres, tandis qu’au centre s’élève un dôme couvert de tuiles, dôme porté par un tambour animé sur trois côtés par de  larges volutes baroques ajourées.
Dans la même veine baroque, les ornements  envahissent le meuble, chutes de fleurs, grappes de fruits, rinceaux feuillus, plis de draperies pendantes, vases de couronnement. N’oublions pas les charmants chérubins, dont on a déjà parlé, encadrés de souples plissés ainsi que les angelots qui encadrent des cartouches couronnés. On est loin ici des ankou funèbres si souvent évoqués pour caractériser l’art breton.
»

« Le coffre du maître-autel, en  bois teinté de la fin XIXe siècle, est lui aussi chargé d’une ornementation exubérante. Il se divise en sept panneaux dont les deux centraux sont encadrés de colonnes (h : 095). Dans le panneau médian, sous un chérubin, un arc déprimé, selon le terme technique, abrite sculptée en haut relief  une Vierge à l’Enfant assise. L’encadre un des titres  qu’attribue à la Mère de Dieu les fameuses litanies de Lorette, le trente deuxième  des quarante-neuf : JANUA COELI (Porte du ciel), avec l’invocation :  ORA PRO NOBIS. (priez pour nous). De chaque côté de la Vierge, une paire de panneaux cintrés s’ornent de lis. Aux extrémités deux autres panneaux rectangulaires s’animent de motifs d’inspiration végétale, entre des chutes de fruits. »

« Dans le mur à gauche du maître-autel est creusé un placard à deux niveaux avec des feuillures faites pour accueillir une porte de bois. On est en présence comme dans plusieurs sanctuaires d’un tabernacle ancien  désormais désaffecté. Un tel tabernacle mural était destiné à abriter la sainte réserve eucharistique conservée dans un ciboire et la boîte aux  saintes huiles contenant les ampoules destinées aux baptêmes et aux extrêmes-onctions.
Il ne faut pas confondre ces armoires intégrées aux murs qui sont de véritables  tabernacles avec les crédences, qui, sont  elles aussi des logettes insérées dans les murs mais sans portes fermant à clé. La tablette haute de la crédence est destinées à recevoir les burettes d’eau et de vin, pour le messe. La tablette basse comporte une piscine avec un trou pour l’évacuation de l’eau qui avait servi à laver les doigts du célébrant. La crédence, à droite du maître-autel de Quilinen est d’une composition élaborée en  pur style gothique : arc en accolade, colonnettes latérales, fond au décor tréflé.
Tout près dans le mur du chevet, à toucher le maître-autel, s’ouvre une autre cavité. Mais, ni tabernacle, ni crédence, cette loge demeure une énigme livrée à la sagacité des commentateurs.
»

« La table de communion, balustrade qui ferme le chœur est formée de balustres en bois enrichis d’une monochromie de couleur verte. »

« L’ambon, en  bois polychrome, dont les montants s’accordent à la balustrade du chœur (h. 1,25) est une composition d’Hervé Saliou qui date de 1995. L’artiste s’est inspiré pour la polychromie des vestiges de couleurs qui apparaissent, ici et là, sous le badigeon de chaux des murs. »

« Les autels latéraux sont des coffres en pierre très simples, sur lesquels se posent  les tables à corniche débordante. Des crédences creusées dans les murs accompagnent ces autels. »

Autels latéraux
Tabernacle ancien
Crédence
Table de communion
ambon

Repère N°11_
« LES EX-VOTO. Fruit de la ferveur des fidèles, l’ex-voto témoigne de la reconnaissance d’un particulier pour une grâce obtenue. A Quillinen il est un ex-voto qui, ne datant pas d’aujourd’hui, ne laisse d’intriguer. Cette lourde côte de baleine appuyée dans l’angle au bas de la nef. Il y a lieu de supposer qu’elle a été déposée aux pieds de la Vierge par quelque navigateur qui, parti pour une  pêche ou une exploration lointaine, a  échappé au péril des océans,  rejoignant les siens, sain et sauf.

Plus récentes sont les plaques de marbre nichées près du maître-autel, en majorité témoignages   de combattants épargnés par les périls des deux guerres qui ont ensanglanté le XXe siècle :
— « Merci / 13  8bre 1915 /  A. T.. »  La date du 13 octobre, parle à ceux qui consultent les chronologies. Elle s’insère dans la série des offensives alliées entreprises sur le front de Champagne dès le mois précédent.
— « Reconnaissance  à N. – D. de Quilinen / 1942-1944 / M. P.». Les dates pourraient désigner un rescapé des camps de prisonniers en Allemagne lors de la dernière guerre.

— Un ex-voto porte curieusement deux mentions gravées à plusieurs années d’intervalle. La première: « Merci / à N. D. de Quilinen / décembre 1944 » La seconde logée dans la bordure du bas en petits caractères.  « Novembre 1961 » Encore une énigme.
— « Merci / Reconnaissance / 9. 8.(19)33   26. 1 (19)35 / J. R. N. »  Deux dates sibyllines qui ont certainement un sens pour la personne qui a fait graver la plaque de marbre avant de la déposer à l’autel de Notre-Dame.
— « Reconnaissance / à Ntre Dame /  de Quilinen / Famille P. 40-44 ». Encore un remerciement qui nous reporte à la dernière guerre. Les  dates correspondent au temps d’une captivité qui a duré de la défaite de1940 à la Libération en 1944.


Mystère que ces humbles inscriptions nées de l’élan de cœurs pleins de gratitude.  Il est aussi un ex-voto où ne sont gravées que des initiales, émouvant témoignage intemporel non daté   :« Merci /  à N. D. / de Quilinen / H. P. »

Repère N°19_
CUVE DE BAPTISTERE ou fonts baptismaux
« Ancienne cuve baptismale. (h. 1,00 m. d. 0,25).  Granite.  Forme ronde, pied unique. Les emplacements des fermetures assurant le couvercle sont toujours visibles. Le bassin de plomb qui la garnissait a été retrouvé au presbytère en mars 2006. »

MOBILIER DISPARU


« Une chaire à prêcher simple tribune sans abat-voix  se dressait contre un pilier à l’entrée du chœur (Photo Le Doaré Châteaulin). »

Information complémentaire :
Un regard attentif sur la carte postale de Le Doaré laisse deviner la présence d’un abat-voix.


Information complémentaire :
Dans les piliers encadrant la Poutre de Gloire, des traces de fixation à la partie inférieure et des pierres martelées à mi-hauteur témoignent de la présence d’un jubé.
A l’issue du concile de Trente (1545-1563) le démontage des jubés fut la règle. A Quilinen, la date de dépose du jubé n’est pas connue.

Le jubé originel, séparation entre le chœur (réservé au clergé) et la nef (recevant les fidèles), était composé du chancel (clôture), de la tribune (lieu où vient l’officiant pour les lectures) et d’une scène de la Crucifixion. En règle générale lors du démontage du jubé, seule la troisième partie est restée en place. A Quilinen cette troisième partie est l’actuelle « Poutre de Gloire » (Repère N°16).